Financement « jeunes chercheurs » Université Claude Bernard Lyon 1
Enjeux du projet
L’objet de ce projet est de consolider la base épistémologique et relationnelle dans le monde académique d’une recherche globale sur les mutations contemporaines des conceptions et pratiques de la citoyenneté dans les démocraties occidentales. Nous nous proposons de saisir ces mutations à travers le prisme heuristique des préfixes (éco- ; euro- …) et adjectifs (numérique, sexuelle, interculturelle…) qu’un nombre croissant de recherches, politiques publiques et débats accolent aux vocables du champ lexical de la citoyenneté pour en préciser et/ou en étendre les contours. Ce projet procède de la philosophie politique de l’éducation/formation, qui se propose de repérer dans ce domaine des questions socialement et politiquement vives, de les traiter conceptuellement à l’échelle des théories compréhensives et normatives de la modernité démocratique, et de produire ensuite des ressources d’intelligibilité et d’action pour l’éducation/formation. Cela implique en particulier échanges et collaborations entre pays et médiations nationales ensuite.
Contexte national et international du projet
Nous cherchons à articuler au mieux l’insertion dense dans les champs de recherche des sciences de l’éducation et de la formation et de la philosophie et des collaborations et expériences à l’étranger, notamment dans les pays francophones, en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Nous y avons ainsi identifié à la fois une certaine communauté de problématiques démocratiques vives autour des questions de citoyennetés, et une forte différence entre les manières de les appréhender plus finement en fonction de dimensions culturelles mais aussi de traditions différentes du travail académique en SHS et des corpus théoriques les plus généralement mobilisés sur le sujet. Il nous a donc semblé intéressant de chercher à systématiser la réflexion sur ce point, et, pour ce faire, les occasions de mener collectivement des travaux interculturels et comparatistes.
Le traitement de cette thématique des citoyennetés à préfixes et à adjectifs dans une perspective comparée et/ou interculturelle dans le monde occidental fait partie des sujets sur lesquels nous souhaitons proposer à des doctorant.e.s de travailler et/ou accueillir des projets de thèse élaborés dans cet esprit en direction à court, moyen et long terme. Il nous semble en effet y avoir à la fois de la « place » et un besoin pour de telles recherches actuellement dans le paysage académique français. Les implications de ce projet en termes de connexions internationales pourraient ainsi être mises au service de ces jeunes chercheur.e.s. Cela s’articulera aussi avec d’autres projets de recherche et de publication menés dans un esprit analogue dans le cadre de nos activités en tant que secrétaire de la Société Francophone de Philosophie de l’Éducation (SOFPHIED).
Originalité du projet
Le débat sur les mutations des citoyennetés démocratiques est moins irrigué en France que dans d’autres contextes par les travaux, débats et controverses ayant lieu actuellement à ce propos dans d’autres pays et aires culturelles du monde occidental. Nombre de textes importants, par ailleurs, ne sont pas traduits en français, et doivent l’être par les chercheur.e.s eux ou elles-mêmes, depuis l’anglais le plus souvent, depuis l’allemand parfois. Enfin, les courants républicains en philosophie politique et morale sont clairement les plus prégnants dans la recherche en philosophie de l’éducation et de la formation en France sur ces sujets, et les apports de pensées libérales, communautariennes ou encore nourries par les théories critiques allemandes ou nord-américaines sont moins travaillés. Ce projet vise ainsi à contribuer à un certain désenclavement de la recherche française dans ce champ et sur ce point, à rompre une forme de provincialisme des références et des réseaux.
Insertion du projet dans le contexte du laboratoire d’accueil
Ce projet s’insère dans la dynamique scientifique collective portée par l’axe 2 du laboratoires Éducation Cultures Politiques, intitulé « Monde commun, diversité et inégalités » (https://ecp.univ-lyon2.fr/axe-2-monde-commun-diversite-et-inegalites-discours-politiques-et-pratiques).
Parmi ces enjeux clés se trouvent ceux de se rendre capable de penser des questions démocratiques vives en éducation et en formation à « rebours d’un certain imaginaire républicain » français, de prendre en compte substantiellement les enjeux de diversité et de pluralisme des sociétés occidentales au XXIème siècle en intégrant « la question des minorités ethniques, religieuses, sexuelles, celle des rapports de genre et des personnes en situation de handicap » et surtout de faire valoir la fécondité de la « coexistence d’approches disciplinaires et méthodologiques variées, [pouvant] contribuer de manière conjointe à l’explication et la compréhension des processus d’altérisation ou de communalisation en jeu dans les discours et les situations de formation en contextes variés. Il s’agit d’en interroger les dimensions territoriales, institutionnelles, organisationnelles et culturelles afin de rendre compte des dynamiques sociales de fabrication du commun, d’apprécier les stratégies d’enseignement et d’apprentissage avec comme horizon la production de ressources ». Le présent projet se conçoit et se déploie à cette aune en ce centrant de manière plus spécifique sur la question des citoyennetés actuellement en mutation comme objet clé.